Hopipharm à Nantes : le grand rendez-vous de la pharmacie hospitalière

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Hopipharm à Nantes : le grand rendez-vous de la pharmacie hospitalière

Hopipharm à Nantes : le grand rendez-vous de la pharmacie hospitalière

Cyril Boronad - Président du Synprefh

Quelque 1.400 visiteurs et une centaine d’exposants attendus pour trois jours, à Nantes, du 21 au 23 mai : Hopipharm confirme son statut de rendez-vous annuel majeur de la pharmacie hospitalière francophone. L’occasion pour les professionnels de faire le point sur les principaux dossiers du moment. Et aussi d’élargir leur regard, avec une ouverture sur l’international (des représentants de Suisse, de Belgique du Canada et de pays d’Afrique seront présents).

 

Un rendez-vous d’autant plus important que la profession doit relever simultanément plusieurs défis : les mutations

technologiques, la numérisation et l’essor de l’IA, la démographie médicale et les pénuries de ressources humaines,

la question du DES hospitalier pharmaceutique, sans oublier les questions plus « sociétales »…

 

Le programme de l’édition 2025 reflète, bien entendu, ces préoccupations. Trois thématiques principales occuperont le devant de la scène, lors des sessions plénières et/ou des ateliers.

En premier lieu, le développement du numérique en santé et les bouleversements qui en découlent. Ce vaste sujet, qui entraîne une profonde transformation du métier, fera l’objet d’une session dès l’ouverture, le mercredi 21 mai. « Le numérique est encore peu développé dans notre pratique au quotidien, observe Cyril Boronad (CH Cannes), le président du Synprefh (Syndicat national des pharmaciens des établissements de santé). De façon générale, notre acculturation demeure encore imparfaite et assez limitée. 

 

C’est pourquoi nous souhaitons accompagner les pharmaciens, et leur présenter des solutions. » Dans ce contexte, la rapide montée en puissance de l’IA retient l’attention. « L’IA ne remplacera pas les professionnels, lance Cyril Boronad. Mais les professionnels qui maîtriseront l’IA, eux, pourraient bien, dans les années à venir, prendre la place de ceux qui ne l’utilisent pas… ». L’IA peut s’avérer très utile sur divers aspects de la profession, comme les systèmes d’aide à la décision pharmaceutique, mais aussi sur certains points de la pratique quotidienne, comme les référencements ou les bibliographies. « Encore faut-il savoir s’en servir à bon escient. Nous

allons nous attacher à analyser les usages et les bénéfices potentiels de l’IA et, là encore, à proposer des solutions pour les professionnels », indique le président. Restera aussi à trouver un modèle économique pour l’IA…

Deuxième grand thème récurrent, celui du pharmacien « éco-responsable » et de la RSE. Le Synprefh prévoit de publier dès cette année un « Livre vert » sur la question, avec des fiches pratiques à l’usage des praticiens. A noter également la tenue d’une conférence scientifique de haut niveau sur la question de

l’éco-toxicité du médicament, jeudi 22 mai. Enfin, la question de la qualité de vie au travail et des conditions d’exercice de la profession occupera une place significative dans les échanges - même si elle ne fera pas l’objet d’une session spécifique. 

 

Le Synprefh a notamment confié à un étudiant en master la rédaction d’un mémoire sur l’intégration du télétravail

au sein des équipes. « Dans l’exercice de leur métier, nos collègues sont fréquemment sollicités pour les motifs les plus divers et doivent s’interrompre dans leur tâche, explique Cyril Boronad. Permettre aux pharmaciens d’avoir une part de leur activité en télétravail peut constituer une solution - même s’il n’est pas question d’un basculement généralisé de l’emploi du temps. Il y a un équilibre à trouver. »

 

 

Des préoccupations liées à l’actualité 

 

Deux autres sujets en prise directe avec l’actualité viendront également alimenter les échanges. Le premier est celui de la défense du diplôme d’études spécialisées (DES) pour l’exercice professionnel en PUI (Pharmacie à usage intérieur). « On assiste depuis quelque temps à des tentatives de remise en cause des conditions d’exercice de notre métier », dénoncent conjointement les syndicats pharmaceutiques. Derrière ces critiques, la question de la démographie pharmaceutique. Comment y faire face ? Faut-il augmenter le nombre d’internes, et comment ? Sur cette question, le Synprefh travaille en lien avec le ministère de la Santé sur des coopérations entre PUI. « Notre souci est de lutter contre l’exercice isolé de notre profession, rappelle Cyril Boronad.

 

Nous sommes favorables aux diverses formes de collaboration et l’exercice partagé de notre métier. »

Autre sujet « brûlant », le débat actuel autour de la loi sur la fin de vie et le « droit à mourir ». « Nous réclamons la possibilité pour les pharmaciens hospitaliers de faire jouer la clause de conscience, souligne Cyril Boronad. Ils sont aujourd’hui les seuls professionnels de santé à ne pas bénéficier de cette disposition. Ce n’est pas logique. C’est pourtant le pharmacien qui va réaliser la préparation magistrale létale, et qui va la dispenser. Le législateur doit comprendre que le pharmacien est un soignant comme les autres, et qu’il est impliqué dans l’équipe de soins. Son rôle dans les activités cliniques doit être reconnu. On ne peut pas nous demander de prescrire des vaccins, et nous priver de cette clause. »

 

Au demeurant, un sondage récent fait apparaître que, si une large majorité (de l’ordre de 80 %) des pharmaciens souhaite bénéficier de cette clause, ils ne sont que 20 % environ à vouloir la faire jouer. « Nous ne sommes pas dans une perspective de blocage », souligne Cyril Boronad. A ses yeux, il s’agit d’abord d’une question de principe. Et d’équité.

 

Par J.-C. Lewandowski