Praticien hospitalier spécialiste en néphrologie, ancien président fondateur de la société française de télémédecine, conseiller général au sein du Ministère de la Santé, chargé de cours à la Sorbonne, écrivain et rédacteur de blog…Pierre Simon a 1000 vies et ne s’arrête jamais ! Une carrière aussi riche qu’inspirante sur laquelle il a accepté de revenir.
L’introduction des soins distanciels dans le parcours de soin
Si on peut le considérer comme le père de la télémédecine, il insiste avec modestie sur le fait qu’elle existe depuis au moins un siècle et qu’il a surtout été influencé par Pr. Louis Larang (anesthésiste-réanimateur au CHU de Toulouse). Un homme dont il a développé les idées au sein du service de néphrologie du CH de Saint Brieuc qu’il dirige alors. Il introduit la télémédecine à partir de 1995 et instaure un dialogue entre spécialistes en néphrologie et médecins généralistes, permettant de réduire la surcharge de consultations parfois non nécessaires (1 fois sur 5 au moins) mais aussi et surtout d’améliorer le confort des patients. “Ce qui me chagrinait, c’était de voir des patients sous dialyse, des enfants ou des personnes âgées, devoir se lever à 5h du matin, faire des centaines de km pour recevoir leur traitement. J’ai pensé qu’on pouvait avoir une autre organisation.” raconte t-il. Avec toute son équipe, dès 2001, il lance le concept de télédialyse: la surveillance à distance au plus proche du domicile. Il s’agissait alors de maintenir la vie sociale des patients, d’éviter des déplacements coûteux tant pour les familles que pour la SECU et surtout de “maintenir le même niveau de qualité de soin” insiste t-il.
Ne manquait plus qu’un cadre légal pour pouvoir généraliser le concept en France. C’est sa formation de juriste qui intéresse alors le ministère de la santé avec qui il collabore entre 2007 et 2010 pour inscrire la télémédecine dans la loi HPST (hôpital-patient-santé-territoire) promulguée en 2009.
S’appuyant sur de nombreuses études et modèles internationaux, Pierre Simon a vite compris les avantages incontestables apportés par la télémédecine, notamment sur le traitement des maladies chroniques. Un enjeu majeur dans des pays à la population vieillissante.
Vers la médecine du XXIème siècle
Au-delà de l’innovation technologique, c’est avant tout le volet social qui le motive. “Pour moi, sans ambiguïté, la télémédecine est là pour améliorer le service rendu au patient”. Il concède les difficultés à accepter de ne plus forcément voir le patient en consultation, et surtout, à lui conférer un réel statut. “J’ai connu la période ou la communication était uniquement descendante., Le médecin seul pouvait juger de ce qui était mieux pour le patient. On a évolué et tant mieux”. Et c’est un fait, les études montrent que cette approche contribue grandement au succès de la prise en soin: “les patients sont très porteurs de ces solutions, contrairement à certains professionnels qui sont parfois moins enthousiastes.”, explique-t-il.
Au CH de Saint-Brieuc “notre nouveau modèle a réussi car j’y ai associé tout le service: les infirmières, les aides soignants, les agents hospitaliers, les représentants de patients, les médecins, pendant 1 an avec des réunions régulières. Le projet n’a pas été lancé sans l’assentiment des équipes de soins” raconte -t-il.
La passion pour moteur
Après plus de 35 ans d’implication et de travail, Pierre Simon est avant tout un grand passionné. Par sa spécialité, par le soin, par son métier de médecin. “De part mes responsabilités, j’ai vu que les organisations devaient progresser. Ça n’est pas juste une question de moyens financiers ou humains comme ça nous est souvent présenté. J’ai eu envie d’accompagner ces changements.” Cette mission, il continue de la poursuivre à travers son blog telemedaction.org et un Think Tank dédié à la santé numérique et à la télésanté, créé avec quelques confrères. Ils y mènent une veille complète de la littérature scientifique internationale pour éveiller l’attention de la population et y publient de nombreux billets. Pour lui, les pouvoirs publics sont trop souvent déconnectés des pratiques du terrain.
Le système de santé prêt à accueillir les révolutions numériques ?
Pierre Simon est également confiant sur le développement du numérique en santé. Pour lui, d’ici 2030-2035, les professions de santé auront considérablement changé, aidées par des algorithmes nourris par les données de santé. On fera davantage de prévention, de diagnostics précoces, de traitement ciblés. La charge de travail des professionnels de santé se verra allégée au profit de la relation humaine avec le patient. Une vision optimiste qui ne sera possible qu’avec un accompagnement de la conduite du changement pour la population comme pour le corps médical. ‘C’est peut-être là la partie la plus difficile à faire évoluer”, conclut-il. Et si finalement tout était question de pédagogie ?
Les actes mal cotés sont nombreux dans les hôpitaux. Et plus les flux patients augmentent, plus c’est le cas. Le manque à gagner pour les établissements est considérable. Pour parvenir à un meilleur codage des actes sans empiéter sur le temps médical des soignants, un maximum d’informations doit être réuni dans le dossier patient.
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