Du fait de leurs conditions d’intervention, les SAMU (Services d’Aide Médicale d’Urgence) sont particulièrement innovants et réceptifs dans le domaine de la télémédecine. Plus les informations seront précises, plus leur intervention sera ciblée. Zoom sur le travail des équipes de Guyane, où les conditions sont particulièrement exigeantes. La vision à distance est ainsi privilégiée dans ce territoire ultrapériphérique par le SAMU 973.
La Guyane, un contexte particulier pour le SAMU
Les situations extrêmes sont le quotidien des services d’urgence. Et en Guyane, les choses se compliquent encore un peu plus. Zones d’intervention immenses (2h30 en moyenne pour les trajets en hélicoptère, 95 minutes maximum pour certains secteurs), évacuations sanitaires transatlantiques en néonatologie (12 heures de vol), 11 langues recensées (d’où la difficulté de communiquer)… Les conditions ne facilitent pas une réponse rapide des secours. Pour y remédier, il faut pouvoir définir avec précision la gravité et la configuration de la situation.
Voilà pourquoi les services ont choisi de s’équiper de la solution de réalité assistée XpertEye qui permet la visiorégulation. « Nous l’avons choisie pour sa capacité d’interfaçage avec notre outil de régulation et sa mise en place ultra simple notamment, précise Jean-Marc Pujo, chef du service des urgences au SAMU 973 et vice-président du collège caribéen de médecine d’urgence. Un simple clic sur un lien sécurisé suffit pour établir une communication vidéo avec le régulateur ».
La vision à distance en un clic
Côté visiorégulation, le but est de définir de manière précise les circonstances de l’urgence. « Il est souvent difficile de se projeter sur ce qui se passe, l’interrogatoire peut ne pas suffire ». Avec XpertEye Lite, l’agent de régulation peut envoyer un lien sécurisé via SMS ou e-mail à l’appelant. En un clic, ce dernier accepte l’invitation et l’agent peut alors visualiser via le smartphone ce qui se passe sur le terrain. « C’est d’une simplicité enfantine. Cela nous permet de rationaliser nos interventions et constitue un réel progrès ».
De fait, une étude américaine (de Dr Langabeer, Gonzalez, Alqusairi, Champagne-Langabeer, Jackson, Mikhail et Persse) indique que dans un cas sur deux, la demande de transport sanitaire est annulée lorsque la vidéo est utilisée en phase de régulation
La vision à distance avec des lunettes connectées
Outre la visiorégulation, le SMUR de Guyane utilise également la solution XpertEye Advanced d’AMA. Elle propose des lunettes connectées permettant au régulateur de voir à distance une intervention médicale tout en laissant les mains libres à l’urgentiste. Elle permet de transmettre des flux vidéos externes, via des appareils connectés (endoscopes, échographes, dermatoscopes…). En Guyane, cette technologie est utilisée pour de la téléexpertise (lors des accouchements prématurés par exemple) ou de la téléassistance sur des gestes délicats. « Nous évitons ainsi une perte de temps précieux, pour les urgences vitales notamment, et pouvons guider l’opérateur pas à pas, en temps réel et même faire des zooms dans l’image », note l’urgentiste.
Thomas Waendendries, directeur commercial chez AMA précise que la force de notre solution est que non seulement elle s’interface avec la plupart des lunettes connectées du marché mais également avec d’autres sources vidéos. ». De surcroît, le bas débit caractéristique de la Guyane permet l’application de ces solutions.
Véhiculer l’information sans la conserver
« Notre ADN, c’est avant tout le respect des règles de sécurité de la médecine, affirme Thomas Waendendries. Des serveurs certifiés HDS (Hébergeur de Données de Santé) hébergent les solutions, nous avons l’entière maîtrise de nos plates-formes logicielles et tout ce qui transite via nos serveurs est chiffré ». Pour aller plus loin, la société s’engage à ne conserver aucune donnée : « nous véhiculons l’information, nous ne la conservons pas ».
Une philosophie qui vient d’un partenariat riche et historique avec les SAMU. « Les précurseurs de la télémédecine, c’est eux, s’amuse le directeur commercial. ». La société a en effet participé à l’élaboration des plans de simulation d’attentats et de crises sanitaires. Les remontées du terrain réajustent les solutions. « Ils ne proposent pas de solutions clé en main, ce qui n’aurait pas de sens dans le domaine des urgences, apprécie Jean-Marc Pujo. Ils progressent vite et ont su évoluer en fonction de nos demandes ». Prochaine étape : les solutions AMA devraient être inclues directement dans le logiciel de régulation de Guyane. Une preuve de la satisfaction du SAMU 973 s’il en est.
Marion BOIS