Premier centre de lutte contre le cancer en Europe, positionné parmi les dix leaders mondiaux de la recherche et du soin en oncologie, Gustave Roussy relève le défi quotidien d’offrir toujours plus d’innovations, au bénéfice des patients et des professionnels qui les accompagnent. Cette ambition institutionnelle, incarnée par Frédéric VARNIER, Directeur Général Adjoint, trouve son aboutissement dans la transformation numérique de l’établissement, dont la feuille de route a été confiée en 2018 à Mikaël AZOULAY, Directeur de la transformation numérique et des systèmes d’information (DTNSI).
Frédéric VARNIER
Directeur Général Adjoint de Gustave Roussy depuis janvier 2017
Président du directoire de la Fondation Gustave Roussy et Directeur Général de Gustave Roussy Tranfert
Directeur d’hôpital, ancien élève de l’EHESP. Diplômé de l’université Paris I Panthéon Sorbonne (économie) et de l’Institut d’Etudes Politiques.
- Conseiller hôpital au cabinet de la Ministre de la santé (2013-2017) – Ministère de la santé et des affaires sociales
- Chargé de mission auprès du Secrétaire Général des Ministères sociaux, en charge des affaires financières et du fonds d’intervention régional (2012-2013) – Ministère de la santé et des affaires sociales
- Inspecteur des finances (2010-2012) – Inspection Générale des Finances
- Secrétaire Général (2007-2010) – CHSF
SIH Solutions – Quels sont les axes de développement stratégique de Gustave Roussy ?
Frédéric Varnier :
Gustave Roussy incarne l’excellence dans les activités de soins, de recherche ainsi que dans l’enseignement. Au plan clinique, l’établissement propose aux 50.000 patients soignés chaque année un accompagnement de référence sur l’ensemble de leur parcours de soins : consultation, diagnostic, réunion de concertation pluridisciplinaire, traitement, recherche clinique, et suivi post-traitement.
Gustave Roussy se distingue également par la proportion de patients inclus dans un essai clinique (28% des patients traités en 2017) et son corolaire, une volumétrie conséquente d’essais thérapeutiques.
A la pointe de la recherche en cancérologie, le rayonnement de Gustave Roussy se mesure à l’aune de la collaboration des équipes de chercheurs et de médecins qui participent à de nombreux programmes internationaux tels que MyPebs, MyProbe, GENIE et Basket of Basket. Cette dynamique est d’ailleurs renforcée par des partenariats académiques avec l’Université Paris-Sud/Paris-Saclay, CentraleSupélec, Cancer CoreEurope. Gustave Roussy est connu pour être un leader en immunothérapie et médecine personnalisée.
En outre, la diffusion en France et à l’international des expertises hébergées au sein de l’établissement est assurée par l’Ecole des sciences du cancer et notre filiale de valorisation, Gustave Roussy Transfert.
A l’occasion de ma prise de fonction, j’ai souhaité approfondir l’empreinte de Gustave Roussy en promouvant une politique d’investissement soutenue pour rénover nos infrastructures, moderniser nos plateaux techniques (bloc opératoire, radiologie interventionnelle, radiothérapie, imagerie) et développer nos activités. Un nouveau bâtiment de 10 000 m2 verra le jour en 2020 pour développer nos capacités d’hôpital de jour (140 places) et faire naître le projet de welness center, porté par notre fondation. Nous venons également de lancer les études pour un schéma directeur de la recherche dont l’un des volets consistera en la construction d’un bâtiment pour accueillir de nouvelles équipes de chercheurs de renommée internationale.
Autant de choix stratégiques qui ont exigé que nous repensions notre organisation et nos modalités de travail, en développant une stratégie soutenue par l’innovation.
Aujourd’hui, les atouts de Gustave Roussy sont renforcés par une ambition numérique : digitalisation du parcours patient, big data appliquées aux activités clinique, académique, médico-économique et épidémiologique, développement de l’intelligence artificielle, poursuite de la dématérialisation.
L’arrivée de Mikael Azoulay s’inscrit dans cette logique de transformation institutionnelle qui doit être accélérée grâce aux systèmes d’information et à la valorisation des données dont ils constituent le vecteur.
Mikael AZOULAY
Directeur de la Transformation Numérique et des Systèmes d’Information de Gustave Roussy depuis 2018
Membre du comité restreint du GCS Sesan
- Diplômé de l’ESSEC et de Sciences Po Lille
- Chargé de cours (depuis 2018)-INSEEC (Master 2),IFSBM(D.U),Université de PARIS Sud (D.U)
- Senior manager (2015-2017) – Capgemini Consulting
- Chargé de mission à la Direction générale de l’offre de soins (2014-2015) – Ministère de la santé et des affaires sociales
- Chargé de mission senior (2011-2014) – Agence des systèmes d’information partagés de santé (ASIP Santé)
- Consultant senior (2007-2011) – Michel Quiot Consultants
SIH – Quelle est la stratégie numérique de Gustave Roussy ?
Frédéric Varnier : A mon arrivée, j’ai pu constater une attente forte des professionnels sur le sujet SI et une réelle difficulté des équipes à en appréhender la diversité et la complexité. J’ai fait réaliser une étude par un prestataire afin de disposer d’un état des lieux de l’existant et de définir un plan de transformation .Cette feuille de route, que j’ai confiée à une direction reconfigurée, avec une nouvelle organisation et l’arrivée d’un nouveau directeur, repose sur trois piliers fondamentaux : l’optimisation de l’infrastructure technique de l’établissement, l’enrichissement de l’offre de services SI proposée aux professionnels de l’établissement et l’innovation digitale.
Mikaël Azoulay : Première composante de cette feuille de route, l’optimisation de l’infrastructure technique de l’établissement s’articule notamment autour de projets tels que l’hyperconvergence – assurant la scalabilité du socle IT de Gustave Roussy autant qu’une maîtrise des charges d’exploitation qui y sont associées – l’extension des capacités de stockage et de sauvegarde, la refonte des serveurs du PACS (Picture Archiving and Communication System), la montée en version de la plateforme d’interopérabilité et des EAI (Enterprise Application Integration), le déploiement de la téléphonie numérique ainsi que la virtualisation prochaine des environnements de travail.
Ce travail d’optimisation du patrimoine informatique et des données qu’il permet d’exploiter, est parachevé par un accompagnement quotidien des professionnels dans la mise en conformité RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) des traitements de données réalisés ainsi que la mise en œuvre d’une politique de cybersécurité avancée. Un délégué à la protection des données a été nommé en juin 2018 et il travaille en binôme avec le responsable de la sécurité des systèmes d’information, chargé d’animer la politique de sécurité du SI de Gustave Roussy. Tous les deux partagent d’ailleurs le même bureau.
Second pilier de la stratégie numérique de Gustave Roussy, l’accompagnement des cliniciens, des chercheurs et des directions fonctionnelles dans l’optimisation de leur environnement de travail constitue un objectif majeur de la DTNSI. En 2019, notre feuille de route consiste à piloter l’acquisition et le déploiement de nouvelles solutions : gestion administrative du malade, système de gestion de laboratoire de génomique, entrepôt de données omiques, gestion des essais cliniques via un CTMS (Clinical Trial Management System).
Nous réalisons en outre les montées de version applicatives permettant d’offrir aux professionnels de l’établissement un système d’information à l’état de l’art : système de gestion de l’information de laboratoire, dossier de soins infirmiers informatisé, dossier RH numérique, ERP (Enterprise Resource Planning). Les développeurs de la direction assurent par ailleurs l’amélioration du design et l’enrichissement fonctionnel du dossier patient informatisé, dont le développement est internalisé à la DTNSI.
Ces séquences de travail s’accompagnent de tâches plus classiques, aussi essentielles que complexes, telles que le renouvellement régulier des postes de travail, le déploiement de Windows 10, d’Office 2016, ainsi que la mise à disposition de Skype Entreprise.
La dernière composante de notre stratégie numérique repose sur l’innovation, véritable accélérateur de la transformation de l’établissement et de son écosystème.
Fréderic Varnier : En matière d’innovation digitale , Gustave Roussy contribue ainsi activement aux développements des projets de esanté franciliens soutenus par l’ARS Ile-de-France et le GCS Sesan (Terr-eSanté, S-PRIM, ORTIF v2).
Plus largement, nous nous positionnons en acteur de premier plan de l’intelligence artificielle (IA) avec notamment l’organisation de deux data challenges dédiés à l’IA cette année, en lien avec la Région Ile-de-France pour l’un et la Société Française de Radiologie pour l’autre. Nous participons également au développement de startups qui évoluent dans l’environnement de Gustave Roussy, en s’appuyant sur nos professionnels et nos expertises. Enfin, nous veillons aussi à optimiser l’empreinte de l’établissement sur le web (refonte du site Internet, présence sur les réseaux sociaux).
Mikaël Azoulay : Nous sommes résolument orientés vers des projets innovants, qu’il s’agisse de digitaliser le parcours patient – par une gestion anticipée de la préparation des molécules onéreuses ou des poches de chimiothérapies via le portail patient MonGustaveRoussy, d’assurer la gestion prochaine des demandes de rendez-vous en ligne – de développer la télémédecine en cancérologie, de dématérialiser des processus de travail, d’optimiser le diagnostic mammographique, la recherche de biomarqueurs pronostiques ou d’améliorer le codage PMSI grâce à l’intelligence artificielle.
SIH – Quelle gouvernance avez-vous retenu pour piloter l’évolution des systèmes d’information au sein de l’établissement ?
Frédéric Varnier : A l’image du modèle mis en place pour chacune des directions fonctionnelles, j’ai souhaité que soit mise en place une gouvernance dédiée aux systèmes d’information et à la gestion des données. Un comité de pilotage est ainsi réuni à une fréquence bimestrielle ; il associe l’ensemble des directions de Gustave Roussy, y compris la recherche.
Mikael Azoulay : Autre élément essentiel de la gouvernance SI de Gustave Roussy, la DTNSI participe activement à l’animation du dialogue de gestion de l’établissement dans le cadre de l’élaboration du volet SI des lettres d’objectifs de l’ensemble des départements.
SIH : En interne à la DTNSI, comment les équipes sont-elles organisées pour accompagner la transformation numérique de l’établissement ?
Mikael Azoulay : La DTNSI compte plus de 55 professionnels répartis entre 4 pôles, 2 cellules – outre le binôme RSSI/DPO :
un pôle Etudes & Développement dans lequel on retrouve les développeurs, les responsables des
- domaines applicatifs et de la plateforme d’interopérabilité ,
- un pôle Infrastructures – qui regroupe les équipes d’exploitation/production (middleware, ingénieur réseau, techniciens d’exploitation), les administrateurs de bases de données (DBA) et le service support,
- un pôle Structuration des données & Recherche, qui accompagne les projets de recherche tout en contribuant à maintenir un continuum avec les activités cliniques, via la structuration des données cliniques et omiques,
- un pôle Archives médicales et administratives
- une cellule Pilotage & performance et une cellule Paramétrage .
SIH – Quels sont les prochains défis à relever en matière de transformation numérique à Gustave Roussy ?
Frédéric Varnier : mettre à la disposition des professionnels un SI fonctionnel, adapté à leurs usages au quotidien et à la hauteur de l’excellence médico-soignante qu’ils portent ! La transformation numérique doit bénéficier à l’ensemble des usagers de l’établissement (patients, médecins, soignants, chercheurs, personnels techniques et administratifs) et permettre à Gustave Roussy de valoriser son excellence en dehors de ses murs. La communauté professionnelle de l’établissement est convaincue du levier considérable que représentent les SI, autant que les données qu’ils véhiculent. Sur ce dernier sujet, mon objectif consiste à mettre en place un « data hub » à l’échelle de Gustave Roussy, afin notamment de développer la valorisation les données cliniques, académiques, administratives et économiques produites au sein de l’établissement.
Mikael Azoulay : De telles ambitions exigent un accompagnement dédié au développement des usages, au plus près des utilisateurs.
Au-delà de ce premier enjeu , il importe de confirmer le positionnement transversal de la DTNSI « as a service », en dépassant la logique client-fournisseur dans laquelle elle s’est structurée , pour valoriser une nouvelle dimension partenariale .
