Avec la pandémie de COVID-19, le recours à la télé-expertise se généralise. Les réseaux d’experts s’organisent pour améliorer la prise en charge des patients, et éviter autant que possible l’engorgement des établissements de soins. Exemple avec la collégiale des neurologues d’Île-de-France.
DES AVIS DE NEUROLOGUES EXPERTS, GRATUITEMENT
Encadrée et encouragée par un accord conventionnel entre l’Assurance Maladie et les représentants des médecins libéraux, la télé-expertise est désormais remboursée par l’Assurance Maladie. Depuis février 2019, les actes sont facturés par les deux médecins (le requérant et l’expert). Simultanément est née la plateforme Omnidoc pour leur proposer d’échanger en toute sécurité, dans le respect des règles et gérer toute la partie administrative (facturation notamment mais aussi édition des compte-rendus).
Une offre de services déjà complète et à laquelle de nombreuses autres fonctionnalités se sont ajoutées, dans le cadre de réseaux d’experts, un peu partout en France. C’est le cas notamment avec « NeuroCOVID », mis en place début avril et né du partenariat entre Omnidoc, la collégiale des neurologues d’Île-de-France et AiiNTENSE.
« Notre but principal est d’aider à la prise en charge, éventuellement en urgence, des patients ayant une atteinte neurologique aiguë ou chronique dans ce contexte de la crise sanitaire COVID-19, résume le professeur Tarek Sharshar, cofondateur de NeuroCOVID (avec le professeur Bruno Stankoff président de la collégiale de Neurologie d’Île de- France et M. Daniel Duhautbout, président d’AiiNTENSE) et neurologue-réanimateur.
Nous proposons une télé-expertise gratuite, 24h/24 et 7j/7 afin délimiter les risques d’engorgement ». La plateforme regroupe 120 experts et s’est organisée autour de 12 types de pathologies (maladies dégénératives, épilepsie, fibromyalgie…). « Pour chaque demande, un médecin régulateur reçoit et oriente l’appel, décrit Baptiste Truchot, directeur général d’Omnidoc. En fonction de la spécialité requise, le médecin de garde est alerté.
La nouveauté est la possibilité d’avoir des avis collégiaux, le médecin expert pouvant lui-même contacter d’autres experts pour conforter son avis ». Des avis précieux au regard de l’impact du COVID-19 sur les traitements en cas de pathologies neurologiques aigues et/ou chroniques, ainsi que sur les éventuelles séquelles liées à ce virus.
Un véritable outil de parcours de soins afin d’assister au mieux les médecins dans la prise en charge thérapeutique. « C’est un modèle unique en tant que suprastructure, sans pour autant court-circuiter les filières déjà organisées, souligne Pr Tarek Sharshar. Nous nous attendons à être de plus en plus sollicités (une dizaine d’avis demandés par jour début avril et le chiffre est en constante croissance), y compris après le déconfinement qui va soulever de nouvelles problématiques neurologiques. Omnidoc est un partenaire fiable dans cet essor. Il permet une forte montée en charge, de manière fluide ».
LA TÉLÉ-EXPERTISE EN PLEIN ESSOR
La télé-expertise n’est pas une démarche nouvelle. Les usages en la matière sont largement répandus. « L’idée est surtout de faire de cette pratique informelle un véritable acte médical, souligne Baptiste Truchot. Et de faire le lien entre deux niveaux du parcours de soins ». La plateforme permet la mise en place de réseaux d’experts, comme avec NeuroCOVID par exemple, mais facilite également les échanges ville-hôpital. Cotation, traçabilité des actes, récupération des données patients pour la partie administrative (la plateforme étant certifiée HDS), l’outil permet également de générer les avis de manière asynchrone. « Il n’est donc plus nécessaire pour les médecins d’être disponibles simultanément », insiste Baptiste Truchot. Avec de tels outils et des phases d’accélération comme celle liée aux besoins du COVID-19, nul doute que la télé-expertise a de beaux jours devant elle.
Marion BOIS