Nous naviguons actuellement entre deux mouvements à contre-courant.
Le premier est lié à une prise de conscience qui se généralise : les données de santé sont une ressource précieuse et les progrès de la médecine dans les prochaines années en dépendent. La circulation des datas est indispensable pour les parcours de soins, au sein des GHT et pour assurer le lien ville-hôpital. De plus, les données favorisent l’élaboration de plans stratégiques à l’échelle locale ou nationale ainsi que le développement de la recherche. Cette prise de conscience incite de plus en plus d’acteurs à franchir le pas du partage de données de la digitalisation (voir « Partage de données : freins et leviers », page 14), de la digitalisation (comme aux Hôpitaux Universitaires de Genève – page 42, à Rennes – pages 28 à 33, ou dans les laboratoires Synlab – page 38) ou de l’entrepôt de données (eHOP à Rennes – page 38, Auragen dans le Sud – page 36).
A contre-courant, les récentes et massives cyber attaques en santé ont tempéré les ardeurs. Les données de santé sont un matériau sensible, qui suscite beaucoup de suspicions. La mise en lumière de leur vulnérabilité n’a fait qu’augmenter la méfiance à l’égard des projets les concernant.
Dans un camp comme dans l’autre, les récents événements ont fait figure d’électrochocs. La crise sanitaire du COVID et les cyber-attaques ont renforcé encore le besoin de ces ressources et la vigilance à leur égard. Mais plutôt que de considérer ces deux tendances comme contradictoires, ne faut-il pas y voir au contraire l’occasion d’une réinitialisation, d’une refonte ? Sommes nous réellement en eaux troubles, ou plus, comme sur le Cap austral de l’Afrique, baignés par la « Bonne Espérance » dans cette zone de courants tumultueux ? Les défis posés sur les années 2020 et 2021 nécessitent une réelle prise en considération des risques et un bond en avant de la cyber sécurité (voir pour cela les initiatives prises par le GHT de l’Artois, page 64, ou par le GCS e-Santé Bretagne, page 66). C’est à ce prix, sans aucun doute, que pourront continuer de se développer dans les meilleures conditions, les projets d’IA que nous vous présentons dans ce numéro (pages 22, 52, 60, 75).
Bonne lecture à tous,
Marion BOIS