Y-a-t-il, dans les origines de nos motivations à être soignant, une disposition particulière à la bienveillance ? Sans doute. Mais aujourd’hui, alors qu’elle est le cœur de notre métier, bienheureux est celui dont la bienveillance ne s’est pas abimée.
Abimée par l’injonction même d’être bienveillant.
Abimée par les protocoles.
Abimée par le temps, par les désillusions, par les violences.
Abimée par les patients, par l’institution.
Partons à la recherche de cette bienveillance innocente qui nous guidait lorsque nous n’étions que de jeunes diplômés.
La continuité de notre bienveillance nous demande de l’endurance. Chaque patient dans un moment vulnérable et fragile viendra la solliciter, et ce, tout au long de notre vie de soignant.
Nous serons alors sollicités dans cette relation soignant-patient, dans un cadre asymétrique, une différence des postures, qui permet l’existence de la relation. C’est cette asymétrie qui nous permet d’être bienveillants, celle-là même qui encourage chez nous la potentialité malveillante à d’autres moments.
Nous serons alors sollicités tantôt dans une posture d’expert, tantôt dans une posture maternelle ou paternelle. Il en incombera à notre responsabilité de soignant de veiller à ce que notre bienveillance ne bascule ni dans l’infantilisation ni dans la toute-puissance sadique.
A l’heure de l’hyper-modernisation de la société où les services se dématérialisent de plus en plus, nous devons mettre en avant ces relations si singulières et irremplaçables que nous tissons, sur le fil de la bienveillance, avec nos patients.
Garance Journeau
Psychologue Clinicienne