La santé de demain dépend aussi de facteurs numériques

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Les propositions de la FEHAP

Antoine Dubout Président FEHAP

La réalité de plusieurs métiers, comme la banque, dépend quasi-exclusivement de la qualité de leurs systèmes d’informations. Les secteurs de la santé et de l’accompagnement relèvent d’abord de l’engagement de personnes, que ce soient les médecins ou les professions paramédicales, au service des citoyens-usagers-patients. Et pourtant qu’il s’agisse du dossier des patients, de la communication entre les professionnels ou encore des banques de données, les systèmes d’informations de santé sont les fondements invisibles du système de santé. La révolution numérique devrait les mettre au cœur du projet stratégique des politiques de santé de la puissance publique.
Le bouleversement numérique a déjà un impact puissant sur les pratiques quotidiennes du système de santé. Les nouvelles technologies pourraient changer radicalement les conditions de l’accès aux soins et garantir une meilleure équité, en favorisant la surveillance des maladies chroniques et en impulsant une nouvelle forme de relation plus immédiate entre les usagers et les professionnels. Grâce au développement fulgurant des objets connectés, les nouvelles technologies ouvrent la possibilité pour les usagers de participer plus activement à leur protocole de soin, mais aussi à leurs démarches de prévention et de maintien en santé. La rupture numérique crée un patient augmenté et expert, capitaine de sa propre santé.
Par ailleurs, Les nouvelles technologies rebattent les cartes du soin et de l’accompagnement. Le décloisonnement de la télémédecine permet désormais des échanges avec les professionnels de santé, ainsi qu’une forme première de surveillance médicale. Pour toute une partie du parcours qui ne relève pas de l’intervention, la distance peut être effacée par les technologies, mieux que par la construction de nouveaux centres. Les nouvelles technologies peuvent faciliter et valoriser l’exercice des médecins et des professions paramédicales. La FEHAP propose la multiplication de projets pilotes de suivi à distance pour des pathologies chroniques, et le financement d’équipements, à domicile ou en établissements dans le cadre de la mise en œuvre d’écosystèmes digitaux de santé. La question de l’égalité d’accès aux technologies se pose de manière cruciale, c’est pourquoi ces programmes de suivi doivent apporter la technologie nécessaire aux professionnels mais aussi aux usagers. Par exemple, des lunettes connectées permettent à un médecin chargé de la régulation téléphonique des urgences de voir la personne en difficulté. Le médecin peut voir le résident avec les lunettes connectées de l’aide-soignant.
Mais tous ces objets connectés produisent des océans de données qu’il s’agit d’exploiter grâce aux systèmes d’information, et notamment grâce aux algorithmes du Bigdata et de l’Intelligence Artificielle, au service des professionnels. De fait, les perspectives de la médecine prédictive ouvrent des horizons inédits. Grâce à l’exploitation massive des données de santé, nous serons bientôt capables de personnaliser la prévention et d’associer des pratiques à un risque génétique identifié. Watson, le robot d’IBM, est déjà capable d’analyser des données pour aider au diagnostic. À l’avenir, la valeur du système de santé va passer du traitement au diagnostic. La conjugaison de ces évolutions pourrait bien nous surprendre et desserrer la contrainte budgétaire du système de santé.
Si les Français restent prudents sur la récolte de leurs données personnelles, ils aspirent à plus de personnalisation dans les soins et la prévention. Au-delà des débats idéologiques, la FEHAP souhaite souligner la nécessité d’inverser la frilosité française sur le stockage et l’exploitation des données personnelles. La réglementation devrait être adaptée pour permettre l’exploitation des formidables ressources de données que la France possède déjà en matière de santé. Cette ressource en données permettra à moyen terme de faire progresser, par recoupement, la médecine prédictive. Les populations qui se révèlent exposées pourront être éduquées aux pratiques de prévention adaptées à leurs risques.
Au-delà de ces propositions, la FEHAP suggère de co-concevoir des programmes de recherche avec toutes les parties prenantes sur les données de santé. Ces données constituent en elles-mêmes une ressource pour concevoir des couches applicatives qui facilitent l’accès de tous à l’information, au soin et à la prévention. Il faut rapidement faire émerger en France un projet similaire au « Blue Button » américain, par lequel chacun dispose en temps réel de l’ensemble de ses données de santé. Concrètement, les nouvelles dimensions de la santé de demain restent suspendues à notre capacité à garantir des systèmes d’information fiables, robustes, sécurisés et agiles.
Retrouvez toutes les propositions de la plateforme politique de la FEHAP sur www.lasantepourdemain.fr
 

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