Selon Michel LALLEMANT, le terme de Cadre, d’origine militaire, est utilisé pour désigner cet espace incertain où se mêlent autodidactes et diplômés des grandes écoles, salariés du privé et du public, personnels de PME et responsables émargeant à des grands groupes, cadres encadrants et non encadrants, cadres de production, fonctionnels, commerciaux et chefs de projets, etc.. ). Prenons l’exemple de la fonction Cadre Supérieur en milieu hospitalier, d’origine statutaire, qui apparaît en 1938 (« Surveillant Chef ») réglementée entre 1962 et 1969, avec pour mission hiérarchique d’assurer « l’encadrement » de l’activité du service infirmier. La reconnaissance fonctionnelle n’apparaîtra qu’en 1988, 1989 puis 1991, dont l’accès par concours sur titre est restée à ce jour sur des modalités nébuleuses de nomination, propres à chaque établissement, sans obligation de formation d’adaptation à l’emploi.
Un effort à cependant été réalisé pour décrire les missions de cette fonction d’encadrement, hors cadre réglementaire, entre 1988 et 2004. Le guide du service de Soins Infirmiers n° 3, sur Le fonctionnement du service de soins infirmiers (1988) précise les liens hiérarchiques et fonctionnels avec des missions associant des compétences d’expertise techniques et managériales. La Nomenclature des emplois type (1990) élargit son rôle fonctionnel et introduit la collaboration avec le chef de service, acteur clé de l’organisation hospitalière, avec une évolution des missions vers la gestion des activités. Enfin, le Répertoire des métiers de la fonction publique hospitalière (2004) place le Cadre de Santé à un niveau d’encadrement intermédiaire, entre le niveau stratégique et le niveau de proximité (gestion, coordination, animation d’activités ou de projets transversaux).
Ces trois définitions affirment le rôle hiérarchique et fonctionnel centraux de la fonction, dans les arcanes de l’institution, sans pour autant l’inscrire dans un texte réglementaire. Cette situation génère donc des disparités sur la place les Cadres Supérieurs qui se définissent différemment selon la force de leur positionnement dans l’institution. En effet, l’identité des Cadres est déterminée, selon Erwing GOFFMAN, par une négociation au cours de laquelle ils utilisent des conventions ou des codes partagés, des manières de voir, des manières de dire hétérogènes, selon leurs intérêts, pouvant même les opposer.
Jean-Luc STANISLAS,
Cadre Supérieur de Santé, (93)
Consultant Leadership
Blog MMH « Management en Milieu Hospitalier »
Auteur « Le management stratégique des cadres hospitaliers en mutation », Editions Universitaires Européennes, Mars 2016
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Master « Economie, Gestion et Management de la Santé »
Université Paris-Dauphine