Vers un dossier patient unique en Guyane

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Jonathan Pioli, Directeur Consulting SIH - Softway Medical

Le passage au DPI (Dossier Patient Informatisé) est toujours une étape charnière dans la vie d’un établissement. En Guyane, la transition présente deux particularités : elle se fait «from scratch» tant l’utilisation du papier y est encore prépondérante et le DPI mis en place a vocation à recouvrir le territoire tout entier. Un déploiement qui devrait faire parler de lui…

 

DÉPLOIEMENT DU DPI : PRENDRE EN COMPTE LES SPÉCIFICITÉS

Jusqu’en mars dernier, aucun des trois établissements sanitaires de Guyane (St-Laurent du Maroni, Cayenne et Kourou, près de 1100 lits au total) ne disposait de DPI. Et c’est encore loin d’être le cas pour la dizaine d’établissements médico-sociaux de la région. « Nous avons pour le moins une culture du papier très forte, décrit Laurédana Govindin, directrice du projet de déploiement du PEPITES (Plate-forme d’Echange et de Partage d’Information Territoriale en Santé), dont fait partie le DPI, au sein du GCS Guyasis. La sélection de notre prestataire de DPI s’est avérée délicate car nous voulions obtenir l’adhésion des équipes sanitaires et médico-sociales. Notre choix s’est porté sur la solution Hopital Manager, de Softway Medical. Car en plus de répondre à notre cahier des charges, le volet ergonomie a tout de suite convaincu les professionnels de santé ».

Avant de déployer le DPI, il y a eu une étude de mise en œuvre. « Les équipes Softway Medical sont venues se rendre compte de nos méthodes de travail, détaille Florence Michel, responsable SI du CH de Kourou. Cette phase a été suivie d’ateliers métiers où chaque profession a pu évoquer ses besoins propres et définir un référent pour affiner le paramétrage ».

« Cette période a à la fois été délicate, indique Jonathan Pioli, directeur consulting SIH pour Softway Medical, car cela conduisait à un changement radical de leur manière de travailler, et à la fois assez simple car les équipes changent régulièrement, ce qui induit une moindre résistance au changement ». Ces étapes ont été réalisées pendant la crise sanitaire, ce qui n’a cependant pas significativement modifié le timing.

La prise en compte des spécificités a été le point d’orgue du projet. C’est ainsi par exemple que Hopital Manager va être adapté pour fonctionner en mode dégradé. Il sera ainsi possible pour les équipes de continuer de travailler lors des nombreuses coupures de réseau. Aujourd’hui, le DPI est déployé au service de médecine du CH de Kourou. Il englobe le dossier de soins, le dossier médical, tout le circuit du médicament (jusqu’à la validation pharmaceutique), ainsi que la bureautique et les plateformes d’interopérabilité. Les autres établissements suivront progressivement.

L’INTEROPÉRABILITÉ, CLÉ DE VOÛTE DU PROJET

Côté interopérabilité, elle se met en place par étapes, avec les divers éditeurs collaborant avec les établissements. « Il y a une trentaine de flux et d’appels contextuels à mettre en œuvre par établissement. Pour vous donner une idée, la qualification du seul flux bi-directionnel entre notre SI de Gestion Administrative Patients et le DPI a nécessité la réalisation de 700 cas de tests, précise Boris Bourdin, administrateur fonctionnel DPI et interopérabilité au CH de Kourou. Nous cherchons à couvrir l’ensemble des mouvements possibles (changement de nom du patient, sortie, décès, déménagement…).

Le bon fonctionnement des interfaces est primordial pour l’adhésion des équipes. Un manque de préparation peut rapidement conduire à un échec du projet, si les données ne sont pas claires ou inappropriées aux usages ». Et l’adhésion justement a été assez rapide. « Au bout de leur première tournée, les infirmières ne voulaient plus revenir en arrière, a constaté Florence Michel. Pour les médecins, cela a été un peu plus long, car ils ne gagnent pas concrètement de temps au départ. Cela a plus d’impact au niveau de la sécurité des soins, de la facilité de partage et de la coordination des soins ». Côté patient, les bénéfices sont à attendre du côté « de la rapidité d’émission des compte-rendus et de la sécurité », note Laurédana Govindin.

 

UN PROJET DE TERRITOIRE

Et le projet guyanais s’inscrit parfaitement dans un objectif de santé territoriale. Avec ce déploiement à grande échelle (à terme, 3 établissements sanitaires et une dizaine d’établissements médico-sociaux), c’est l’ensemble du système de santé qui est concerné.

« C’est un véritable projet de territoire, résume Florence Michel. En cela, c’est très ambitieux ». Dans une région où la population est amenée à beaucoup se déplacer, et parfois dans des zones isolées, le partage de données est particulièrement utile. « Pour la télémédecine, l’envoi de patients à des confrères, les réunions pluridisciplinaires (qui se tiennent souvent avec des experts de Bordeaux ou de Lyon), la mutualisation des données est un réel avantage pour le patient, remarque Jonathan Pioli.

Nous allons vers un dossier unique du Guyanais, ce qui est une grande première ». Dans un avenir proche, la médecine de ville devrait être elle aussi intégrée à ce mouvement, ainsi que la recherche (études statistiques et épidémiologiques). De quoi propulser la Guyane à la pointe du dossier unique.

 

Marion BOIS

 

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