Parcours de santé : non au tout numérique

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Dr Jospeh Orabona (gauche) Radiologue, Bastia. Patrick Colombié (droite) Directeur de la Clinique des Trois. Tours Korian, La Destrousse. Sophie Gendrault (gauche). Sylvie Boichot (droite). Crédit photo : DR

Au-delà d’une solution purement numérique, la mise en place d’un parcours de santé doit s’accompagner d’une réflexion sur l’aspect humain des méthodologies et des relations. Partant de ce constat, Sylvie Boichot et Sophie Gendrault ont créé Move in Med il y a 3 ans. Fortes de 8 ans passés à la mise en place d’un parcours de santé dans un établissement hospitalier, elles ont créé une nouvelle plateforme intitulée INU. Du numérique, oui, mais pas seulement…

Un vrai savoir-faire pour le suivi des maladies chroniques

Pour fluidifier les parcours de santé, la plateforme de Move in Med répond à trois enjeux. D’abord celui de proposer un outil adapté à l’ensemble des acteurs de la prise en charge, avec un espace d’échanges sécurisé. « Il s’agit d’un support pragmatique, précise Sylvie Boichot. On n’y trouve que les informations nécessaires, liées à la pathologie ».  Côté patient, un espace ressource est disponible sur sa pathologie spécifique : rendez-vous, contacts, prochaines étapes de son parcours, rappels… avec la possibilité d’échanger avec les professionnels de santé. Enfin, INU propose une véritable feuille de route pour les coordinateurs de parcours, qui disposent ainsi de la liste des missions à effectuer.

« Mais nous ne pensons pas que le numérique soit la solution à tout ! », insiste Sylvie Boichot, la co-fondatrice et présidente de la société. Ce qui différencie Move in med ?  « Ils ont une vraie sensibilité concernant le médical, la prise en charge… ». C’est ce que retient Patrick Colombié, directeur de la clinique Korian Les Trois Tours, dans les Bouches-du-Rhône. Depuis le début de l’année, une solution est apportée dans cet établissement pour la prise en charge des patients atteints de BPCO (Bronchopneumopathie chronique obstructive). L’objectif est de les maintenir dans leur parcours de soins afin d’éviter l’exacerbation de la maladie. Très souvent, une fois soigné en clinique, le patient néglige ses soins (suivi, exercices, diététique…), il décompense et revient quelques mois plus tard aux urgences. « Si on peut les suivre à domicile avec un parcours coordonné, on évite les risques », souligne Patrick Colombié. La solution Move in med fournit via la plateforme un accès à l’ensemble des informations utiles pour le patient, le médecin traitant, l’établissement de santé et les pneumologues. Et chaque semaine, un questionnaire permet d’évaluer l’état de santé du malade. En cas de dégradation, des alertes sont immédiatement formulées et une réponse adaptée est apportée (consultations, reprise de l’activité physique,…). « Nous avons de la chance d’avoir trouvé une entreprise qui réponde parfaitement, et de manière évolutive, à notre cahier des charges », résume Patrick Colombié.

Créer le lien ville-hôpital

Et pour que les réponses soient adéquates, un suivi complet est réalisé. Move in med est la seule société à proposer de l’aide à la recherche de financement, à la communication, au recrutement et à la formation d’un coordinateur de soins, un accompagnement dans le processus de mise en place… « Cet accompagnement nous a fait changer notre façon de travailler », se souvient Dr Joseph Orabona, radiologue et responsable d’unité au service imagerie du CH de Bastia. En 2017, INU est déployé dans le cadre du BIS (Bastia Institut du Sein), un réseau ville-hôpital sur les pathologies mammaires. « Grâce à Move in med, nous n’avons pas amélioré la relation ville-hôpital, nous l’avons tout simplement créée ! ». Pour intégrer la ville, le CH a donc mis à disposition des médecins de ville une messagerie sécurisée et une plateforme avec tous les documents utiles sur le cancer du sein. En deux ans, 200 adresses et près de 600 profils patients ont ainsi été créés.

Et pourtant, la question de l’adhésion des équipes à ces nouveaux procédés n’est pas acquise. « Nous en faisons même une condition d’entrée, insiste Sylvie Boichot. Le postulat est que nous n’imposons rien. Il faut qu’il y ait une réelle motivation sinon on ne va pas loin ». En Corse en tout cas, l’adhésion à la plateforme va bien au-delà des espérances. L’ARS souhaite en effet l’étendre à Ajaccio dans un premier temps et aux différentes pathologies gynécologiques par la suite. « Il faut que l’outil soit le plus ouvert possible pour que tout le monde puisse en bénéficier », se félicite Dr Joseph Orabona.

Marion BOIS

              

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