Limiter les risques iatrogènes : une solution qui fait le lien ville-hôpital

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Pharmacien, co-fondateur et CEO de Bimedoc

Dans le cadre du projet Optimedoc, l’OMéDIT (Observatoire des Médicaments, Dispositifs Médicaux et Innovations Thérapeutiques) a lancé un programme d’optimisation thérapeutique pour les personnes âgées, en partenariat avec l’ARS de Normandie. C’est ainsi qu’a été choisie la solution Bimedoc, qui rassemble les professionnels de santé autour d’un projet personnalisé pour le patient.

 

SÉCURISER LES POINTS DE TRANSITION DU PARCOURS DE SOINS

 

Les risques liés aux erreurs médicamenteuses se concentrent principalement lors de l’entrée et de la sortie d’hospitalisation du patient. Ces points de transition sont en effet à l’origine de plus de la moitié des erreurs de médication (« Pharmacy-led medication reconciliation programmes at hospital transitions: a systematic review and meta-analysis » – Journal of clinical pharmacy and therapeutics). Chez les sujets âgés, la situation est encore plus complexe. « Le risque est accru pour cette population car elle consulte plusieurs spécialistes qui génèrent diverses ordonnances, explique Dr Guillaume Saint-Lorant, chef du service de pharmacie au CHU de Caen. « Les redondances et les interactions peuvent être problématiques. »

 

La première étape lors de l’entrée à l’hôpital est donc le bilan médicamenteux du patient. Pour les 90 personnes de plus de 75 ans incluses dans Optimedoc au CHU de Caen, celui-ci passe par le logiciel Bimedoc. Il faut alors récolter un maximum d’informations auprès d’au moins trois sources différentes (patient, famille, aidants, médecin ou pharmacien d’officine) sur la réalité quotidienne du patient (prescriptions, antécédents, pathologies mais aussi observance, allergies, automédication…). La plateforme Bimedoc centralise alors tous ces éléments et génère une synthèse pour le médecin de l’hôpital. Dr Alexandre Meurant, pharmacien assistant, en convient : « La qualité de l’information est augmentée par le biais des documents de synthèses clairs, visuels et synthétiques qui sont édités. Cela permet de valider l’étape du bilan médicamenteux dans notre processus. »

 

L’outil s’interface au DPI du CHU de Caen et toutes les informations reliées à la prescription sont reliées à l’identifiant patient et mises en lien avec ses données actualisées au fil de l’eau. La collaboration entre les équipes de la DSI du CHU et Bimedoc a permis la connexion au système d’information de l’établissement. Autre atout à ce stade, la reconnaissance d’ordonnance. « N’importe quel format de document (image, document Word ou PDF) peut être reconnu par notre technologie », note Pierre Renaudin, pharmacien co-fondateur et CEO de Bimedoc. Cette lecture intelligente des ordonnances est un gain de temps lorsque la solution n’est pas interfacée avec le DPI de l’établissement ou que les ordonnances sont envoyées par la ville. Le logiciel facilite également l’analyse pharmaceutique à l’aide de l’assistant Bimedoc Expert (DM Classe I) qui intègre de nombreuses sources sur les interactions médicamenteuses (DDI Predictor, Thésaurus des intéractions médicamenteuses de l’ANSM) et sur les médicaments potentiellement inappropriés chez le sujet âgé (Stopp&start ; Laroche, Déficit en G6PD …). Il calcule automatiquement la charge anticholinergique (qui peut entraîner des pertes de vigilance, des arythmies, des difficultés à respirer ou à digérer) et déclenche des alertes si nécessaire.

 

A la sortie de l’hôpital, la vigilance se porte sur trois aspects. « Nous devons alors établir des prescriptions en cohérence avec les médicaments pris par le patient avant sa venue (bilan médicamenteux), ceux pris durant son hospitalisation et, surtout, nous devons faire le lien avec la ville », insiste Dr Guillaume Saint-Lorant. C’est un autre point d’intérêt de la solution : à la fin de l’hospitalisation, les informations relatives aux médicaments sont transmises sur la messagerie sécurisée des professionnels d’aval prenant en charge le patient (médecin traitant, pharmacien d’officine, IDE, etc..). Un clic suffit car la solution retrouve automatiquement l’adresse sécurisée des professionnels d’aval qui ont ainsi accès aux informations concernant les modifications thérapeutiques.

 

TÉLÉ-PHARMACIE ET INDICATEURS D’ACTIVITÉ

 

Par tous ces aspects, « cette solution est un tremplin pour le déploiement de soins pharmaceutiques et de la télépharmacie, ajoute Dr Alexandre Meurant. Elle nous sert déjà à déployer la rédaction de plans pharmaceutiques personnalisés validés lors de RCP (Réunions de Concertation Pluridisciplinaires) entre la ville et l’hôpital dans le cadre du projet Optimedoc. » L’outil sert également de support et de moyen de communication lors d’avis thérapeutiques donnés par le biais de la plateforme d’appui gériatrique PEGASE. Il est utilisé pour le suivi à distance des patients sous chimiothérapie orale notamment. Pour aller plus loin dans le lien ville-hôpital, il est prévu d’ici la fin de l’année de pouvoir intégrer automatiquement dans la plate-forme les ordonnances du médecin traitant afin de les transmettre à l’hôpital.

 

« Clairement, je ne reviendrais pas à l’ancienne formule, résume Alexandre Meurant. La solution est qualitative, améliore notre activité et nous avons de très bonnes relations avec l’éditeur qui se montre toujours réactif. En outre, la possibilité d’extraire des données pour analyser notre activité est un grand plus ». A l’heure actuelle, 17 établissements de la région sont dotés de l’outil, ce qui conduit à une harmonisation des pratiques. Près de 200 pharmaciens d’officine et une quarantaine de médecins généralistes y sont également reliés. À terme, la volonté de Bimedoc est de renforcer son interface avec le serveur régional de Normand’e-santé pour devenir l’application des professionnels de santé au sens large et non plus hôpital par hôpital. Une option plus que crédible…

 

Marion BOIS

 

BIMEDOC

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