Pour plus de sérénité et d’efficacité, il est indispensable de repenser l’organisation des flux dans le parcours des soins. Or cette expertise, ce sont bien les établissements hospitaliers qui en ont le savoir-faire. Depuis des décennies, ils gèrent le personnel, les changements de parcours, la coordination des soins. Cela, le groupe Elsan l’a bien compris. Voilà pourquoi il approfondit la réflexion sur le parcours de soins avec en son cœur le patient, les établissements en pivot et le digital comme moteur…
Les établissements hospitaliers, pivots de la transition
Avec plus de 2 millions de patients chaque année, le groupe Elsan (leader des cliniques privées de France) compte bien renforcer l’accompagnement des patients. Un besoin d’amélioration motivé par un constat simple. « Chaque étape du parcours de soins est réalisée par un professionnel dont la formation et l’engagement nous sont enviés de par le monde, note Thierry Chiche, président exécutif d’Elsan. Il n’existe pas de problème de qualité unitaire. Tout l’enjeu est donc de créer des ponts entre les différentes étapes ». Deux axes pour cette coordination : l’organisation physique des activités (revenir à des unités de temps et de lieu plus raisonnables) et la fluidification des échanges d’informations. « Là aussi, il faut garder la valeur médicale dans cette coordination », précise Thierry Chiche. Les établissements de santé ont donc un rôle majeur car « ils sont les véritables pivots de cette transition », de par leur expérience en termes médicaux et organisationnels.
Des acteurs légitimes de coordination, « alors qu’actuellement, notre système de soins demande au patient lui-même de gérer cet aspect, soulève Thierry Chiche. Or, tout le monde n’est pas compétent pour le faire, d’autant que, dans le cadre de soins, le patient est dans une situation particulièrement fragile ». Il faut donc inverser la charge, à l’aide, notamment, du digital.
Miser sur l’innovation digitale
Selon un sondage Elsan/OpinionWay réalisé en mars 2017, 59% des Français souhaitent bénéficier de services de santé digitalisés. « Il faut à tout prix réserver la gestion humaine aux tâches les plus importantes, insiste Thierry Chiche. Le reste peut aisément être automatisé (avec un paramétrage intégrant les particularités de chaque dossier)… Le digital est pour cela la solution car il permet de réaliser ce qui est impossible manuellement ». Autrement dit, la possibilité de coordonner les parcours au cas par cas.
Dans cette optique, Elsan s’est lancé en 2015 dans l’Open Innovation via « Innolab ». L’objectif, Thierry Chiche le résume ainsi : « pour être les meilleurs, il faut s’associer aux meilleurs »… Au sein d’Innolab, de 2 à 4 starts-up sont rencontrées chaque semaine (350 au total). 5 projets en moyenne y sont retenus annuellement. Ainsi, les avancées les plus pertinentes sont retenues pour créer des partenariats ! Serious game pour la prise en charge de patients (avec Hippopocrate), solution cloud pour la sécurité des informations (avec Microsoft), gestion des remplacements (Medgeo)… Et parmi les outils développés grâce à Innolab, la plus belle réussite est sans doute l’assistant Adel (voir encadré ci-contre).
Réduire le paradoxe ambition/moyens
« Tout le monde a bien compris l’intérêt des parcours de soins, là-dessus, il y a consensus, souligne Thierry Chiche. Mais il y a une incohérence entre les moyens et la volonté politique ». Cette année encore, pas moins de 3,8 milliards d’euros d’économies sont attendues sur les dépenses de santé. « Tant que le gouvernement n’inverse pas la tendance, les avancées se feront très lentement ». Le groupe Elsan se veut donc moteur en investissant toutefois dans l’innovation mais se dit limité dans son action. Il attend une réelle prise de position du gouvernement sur la question.
Adel, l’assistant digital Elsan
Présenté au CES (Consumer Electronics Show) 2019 de Las Vegas, Adel est un assistant qui améliore l’accompagnement des patients et facilite les échanges d’informations. Via une plateforme numérique clinique/ville, « il permet des parcours simplifiés et personnalisés, avec des perspectives inédites », résume Thierry Chiche. Rendez-vous, sortie de clinique, informations personnalisées,… il synthétise nombre d’informations utiles au patient.
Né d’un partenariat entre Docaposte et Elsan, il a permis aux deux groupes de décrocher le titre de 2ème influenceur mondial au CES, « devant Google et juste derrière Intel », révèle David de Amorim, directeur innovation à Docaposte. D’ores et déjà déployé dans deux établissements (à Bordeaux et à Vannes), l’objectif est de proposer cet outil à un million de patients d’ici 2020.
Marion BOIS