Les cabines de télémédecine clinique installées aux urgences rendent la prise en charge des patients plus rapide, ce qui dégage du temps pour des professionnels de santé souvent débordés.
Gagner du temps aux urgences tout en améliorant la prise en charge des patients, c’est le casse-tête de l’hôpital. Avec la crise du Covid, le tri des patients en fonction de leur état de santé est devenu primordial pour rester efficace. Un problème que la société H4D a en partie réglé en mars 2020 grâce à sa Consult Station, une cabine de télémédecine clinique où le patient prend lui-même ses paramètres vitaux avec des outils médicaux professionnels, en autonomie ou assisté par un médecin à distance.
« On a été les premiers à pousser des cabines Consult Station dans les services des urgences durant la première vague de Covid, ce qui a accéléré la prise en charge de 40% pour certains patients présentant des signes du coronavirus », indique le docteur Franck Baudino, le fondateur de H4D. « Sur les patientsatteints de forme grave de la Covid-19, des algorithmes prédictifs ont même été utilisés pour leur faire perdre le moins de temps possible. »
La prise de mesures à distance a rassuré autant les patients que les professionnels de santé tout en libérant du temps pour les soignants. L’installation des cabines de télémédecine clinique dans les hôpitaux a permis d’accélérer la prise en charge des patients. Le temps paramédical utilisé auparavant pour la prise des constantes a ainsi été réattribué en temps dédié aux soins (équivalent à un demi-temps plein (43%) supplémentaire).
Dans l’hôpital privé du Vert Galant (93) où elle exerce, la médecin urgentiste Valérie Faure a constaté une différence dans la prise en charge des patients aux urgences grâce à la Consult Station. “Au lieu d’arriver et d’être un peu perdu, les patients autonomes sont tout de suite accueillis par un référent qui les invite à rentrer dans la cabine pour prendre leur mesure.”
L’autre avantage de la cabine est qu’elle permet d’établir un score d’alerte précoce en fonction des premiers résultats, ce qui améliore la prise en charge. “Ce score, calculé sur la base des paramètres vitaux (pouls, tension, température, fréquence cardiaque… permet de repérer les patients plus fragiles, qui vont nécessiter des soins précoces» , précise Valérie Faure. « A la fin, ces mesures donnent un chiffre objectif, permettant de standardiser l’interprétation des constantes vitales (SAMU, ambulanciers…) lors des transmissions.”
UNE PASSERELLE ENTRE LA MÉDECINE DE VILLE ET LES HÔPITAUX
La cabine de télémédecine clinique possède tous les équipements nécessaires pour mesurer les paramètres vitaux des patients, comme chez le médecin généraliste. De plus, comme l’explique le professeur Martin, directeur du centre All’Sims d’Angers, la cabine peut s’adapter aux besoins des spécialistes. “Il est possible de faire de l’urologie avec des examens de colique néphrétique, un examen de l’épaule pour l’orthopédie, et il y a des réflexions en cours pour la cardiologie, la dermatologie, l’anesthésie, la gériatrie… Sur le principe, tout est réalisable, il faut simplement mettre en place les protocoles adaptés.”
Créé en 2006, H4D travaille depuis une dizaine d’années avec différents hôpitaux. Pour Franck Baudino, rien ne doit être laissé au hasard, aussi bien dans l’accompagnement des patients que des professionnels de santé. Dans cette optique, un partenariat a été noué avec le CHU d’Angers et le centre All’Sims pour former les médecins à la télésémiologie, la discipline qui leur enseigne comment réaliser des examens cliniques à distance. Grâce à une formation initiale et des cours en continu, ils apprennent à gérer les logiciels et à guider le patient pour qu’il fasse lui-même ses examens cliniques.
Pour autant, si les cabines sont bien implantées dans les hôpitaux, leur vocation première est de s’ancrer dans des zones sous-médicalisées et de servir de passerelle entre les hôpitaux et les médecins de ville. “L’objectif, c’est de proposer un service avec un matériel de qualité hospitalière qui simplifie l’accès aux soins, fait le lien entre la ville et l’hôpital tout en mutualisant certains spécialistes, souligne Franck Baudino. Ce n’est pas parce que les gens sont dans des endroits isolés qu’il faut leur faire une médecine au rabais”.
Près d’une trentaine de communes sont déjà équipées de Consult Station en France et une vingtaine d’autres en ont déjà fait la demande.
Hélène Corbie
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