Travailler sur des zones de conflit et gérer de multiples impondérables, c’est le quotidien des équipes déployées en hôpitaux de campagne. Pression, aléas, urgence perpétuelle… Les conditions d’exercice sont hors du commun. Difficile donc de les matérialiser pour former le personnel en amont de leur départ… C’est pourtant ce que propose le projet HopiCamp, en se basant notamment sur le Serious Gaming.
Former les équipes au plus près du réel
Un afflux de victimes, une rupture d’approvisionnement, des aléas climatiques… Face à ces situations, les équipes des hôpitaux de campagne doivent réagir vite. Cependant, dans ce domaine, « il existe beaucoup de formations techniques ou médicales, mais la confrontation à un environnement instable est occultée » fait remarquer Emmanuel Vaucher, gérant de la société Crise, en charge de la formation des équipes. Pour cette raison, le serious game (jeu sérieux) s’est imposé. Munis d’un avatar et dotés de la fonction, des responsabilités et des compétences qui leur sont propres, les participants se connectent sur des ordinateurs en réseau. Dans un univers 3D en réalité virtuelle, ils évoluent et interagissent pour faire face ensemble à leurs contraintes. Avec une expertise de 20 ans dans ce domaine, Emmanuel Vaucher constate que « le taux d’assimilation via ce canal d’apprentissage est bien supérieur aux autres techniques ».
Un projet global
Et Hopicamp se décline par ailleurs sur divers aspects. La formation des équipes n’est en effet qu’un volet du projet. Le programme, lancé par IMT Mines Alès, englobe la logistique liée à ces hôpitaux particuliers, l’amélioration des tentes et la télémédecine. Sur l’aspect logistique, « la traçabilité est primordiale, précise Gilles Dusserre, professeur à IMT Mines Alès et responsable technique du projet. S’il manque un simple câble d’alimentation pour un bistouri, le matériel est inutilisable ». Que l’hôpital soit en dormance ou en déploiement, un système RFID a donc été créé. Une puce peut ainsi être associée à une autre pour que les matériels complémentaires soient reliés.
Et pour assurer le suivi des soins sur ces hôpitaux soumis à une forte rotation des équipes, la télémédecine s’impose. Un caisson spécifique a été étudié. A l’aide d’un système de visioconférence et des dizaines de capteurs, des infirmières sur le terrain pourront ainsi prendre le relais.
Hopicamp répond donc à de multiples questions liées à la gestion de l’urgence dans les zones de conflit. « Cela fait partie de mes plus beaux projets », résume Gilles Dusserre. Et pour la commercialisation de ces innovations, les contacts s’annoncent « prometteurs ».