Parmi les nombreuses missions des GRADeS (Groupements Régionaux d’Appui au Développement de la e-Santé), deux d’entre elles sont particulièrement mises en avant dans le programme «eParcours» en Occitanie. La première consiste à animer et à fédérer les acteurs de la région sur les usages et projets du numérique en santé. La seconde est relative à la promotion de l’usage des e-services de santé. Avec ce programme dédié au suivi du patient tout au long de son parcours, le GRADeS remplit ces missions avec brio.
L’ANIMATION ET LA FÉDÉRATION DES ACTEURS
La mise en place du programme «eParcours» en Occitanie est le fruit d’une conjonction de différents mouvements, « nationaux et locaux », explique Jean-Christophe Zerbini, le directeur du GRADeS. « Au national, il y a une prise de conscience. De nombreuses remontées d’alertes ont conduit l’État à imposer un cadre global de gestion des parcours patients, notamment avec la stratégie de transformation du système de santé « Ma santé 2022 ». Côté local, nous avions remarqué la volonté des professionnels de terrain de décloisonner les communautés et de partager les informations. En tant que GRADeS, nous avons donc pris le problème à bras le corps ». L’idée a alors été de proposer un bouquet de services numériques de coordination entre les professionnels.
Plus que de se centrer sur l’identité patient ou un outil spécifique, le parcours s’est imposé comme valeur pivot car il permet de « sortir des silos, souligne Jean-Christophe Zerbini. Il offre une lecture transversale et évite le travail en vase clos, ce qui est rédhibitoire pour le partage des informations et des connaissances ».
Pour cela, le GRADeS a donc regroupé les différents outils numériques déjà à disposition, en a créé de nouveaux et a fait en sorte que les acteurs (professionnels du sanitaire, du social et du médico-social) puissent interagir. Concrètement, cette fédération des acteurs se traduit par la possibilité, « en cas de parcours dit complexe par exemple, de définir un référent de parcours en charge du suivi global du patient, avec la possibilité pour certaines structures de se constituer comme équipe ressource », détaille Lucy Darras, de l’équipe Offre de coordination du GRADeS. En Occitanie, c’est ainsi régulièrement le cas pour les seniors. Les structures MAIA qui accompagnent les personnes âgées de 60 ans et plus en perte d’autonomie et de leurs aidants peuvent ainsi se positionner comme équipe ressource. A charge alors pour le référent d’ouvrir un dossier de coordination. Il identifie les personnes appartenant au cercle de soins (médecin de ville, référents légaux, aidants..) et peut donner un accès au dossier aux professionnels du parcours.
PROMOUVOIR L’USAGE DES E-SERVICES EN SANTÉ
«eParcours» met à disposition un large panel d’outils pour les structures qui peuvent les utiliser en fonction des besoins et de la complexité des parcours. Une messagerie instantanée sécurisée (SPICO Discussions) permet aux professionnels de discuter entre eux. Alimentée par l’annuaire e-santé d’Occitanie, elle est utilisée par plus de « 1 500 professionnels », précise Lucy Darras. Et les fonctionnalités sont nombreuses : envoi de documents, de photos, appels vidéo ou encore édition de synthèse de discussion.
Pour le lien ville-hôpital, le dossier de coordination (SPICO Dossiers) prend le relai (voir illustration). Il permet de visualiser les informations administratives du patient, les actions réalisées (hospitalisation, départ en vacances, informations sociales…), de décrire le plan
personnalisé de coordination en santé (identifier les problématiques du patient, mise
en place d’une stratégie, …) et de notifier les tâches à réaliser.
En cas de téléconsultation, TéléO (plateforme régionale de télémédecine pour les établissements), servira de lien pour inviter le patient par mail (avec relance par SMS). Enfin, si le patient doit être transféré en Services de soins de suite et de réadaptation (SSR) ou en établissement d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad), l’outil ViaTrajectoire facilite son orientation. Les demandes sont adressées automatiquement aux établissements sélectionnés selon plusieurs critères et la démarche est suivie en ligne par les professionnels de santé et/ou l’usager jusqu’à l’admission.
AGILITÉ ET ADHÉSION
On le voit, les outils proposés pour suivre le parcours de soins du patient sont nombreux et centralisés. « Nous avons fait en sorte que nos liens avec l’éditeur soient souples afin de conserver une certaine agilité sur nos outils, souligne Jean-Christophe Zerbini. Notre but est de pouvoir faire remonter rapidement les besoins du terrain pour proposer des évolutions appropriées ».
Avec une telle stratégie, l’effet « boule de neige » permet une utilisation de plus en plus répandue des outils. Réseaux, MAIA, PTA, structures CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé), organismes relevant de l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale de 2018 (promotions d’organisations innovantes contribuant à améliorer le parcours des patients), le programme «eParcours» séduit de plus en plus, signe que le besoin de rapprocher les acteurs se fait sentir de manière accrue.
Marion BOIS
009SIHMAGv31p20-21