Echographie : parent pauvre de la téléradiologie

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Avec la raréfaction des radiologues, les solutions de téléradiologie ont le vent en poupe. IRM, scanners, radiographies conventionnelles, le spectre couvert est large. Cependant l’échographie, plus difficile à réaliser à distance, est longtemps restée le parent pauvre de cette tendance. AdEchoTech avec deux de ses partenaires a mis au point une installation capable de remédier à cet écueil pour élargir l’éventail de la téléradiologie.

 

UNE RÉALISATION À DISTANCE DÉLICATE

 

D’une manière générale, la téléradiologie peut servir pour pallier un déficit de radiologues ou couvrir un territoire isolé. A Chateaubriant, c’est la pénurie de radiologues qui a conduit la direction à s’orienter vers cette solution. « Nous couvrons un bassin de 80 000 habitants, rappelle Erwan Pinvidic, directeur des services numériques et directeur référent du pôle Médicotechnique au CH de Châteaubriant-Nozay-Pouancé (CH CNP). Mais nous sommes dans une zone rurale et désertique en termes de population médicale ». L’activité de radiologie de l’hôpital risquait d’être stoppée nette, suite au retrait des derniers radiologues du CH, au mois d’avril 2021, du cabinet privé qui en assurait jusqu’ici la sous-traitance. Pour autant, sur le secteur, pas moins de 11 000 actes de scanners et IRM étaient réalisés chaque année « et 7 000 échographies. Quand on sait que le cabinet le plus proche est à 45 minutes de Châteaubriant et demande 3 mois de délai, il nous fallait trouver une solution », résume Erwan Pinvidic.

 

Dans ce genre de cas, les établissements ont recours à trois possibilités : la fermeture pure et simple du service, le recours à des vacataires (pratique particulièrement onéreuse) ou la téléradiologie. Mais pour l’échographie, cette dernière option est délicate. L’utilisation de la sonde implique en effet l’expertise du radiologue lors de l’examen. C’est pour combler ce vide que la société AdEchoTech a développé il y a déjà 10 ans la solution Melody. Celle-ci s’articule autour de trois éléments : un système de visioconférence pour permettre au médecin, à son assistant et au patient de dialoguer, une unité de contrôle à distance qui permet au médecin de garder la main sur le paramétrage de l’image et une sonde fictive pour une prise de contrôle à distance du robot.

 

Ainsi, quand le médecin manipule sa sonde, le mouvement est reproduit à distance sur le patient. « Le système reproduit parfaitement les gestes de l’expert, au millimètre près », précise Nicolas Lefebvre, directeur général d’AdEchoTech. L’assistant quant à lui, est en lien avec l’expert pour positionner le patient et placer le robot sur la partie du corps concernée. Tous les angles et les degrés de prise d’image sont ainsi possibles. « C’est très fiable et très précis », constate Mickaël Dahan, radiologue basé à Marseille, qui officie régulièrement à distance pour le CH CNP.

 

Pour chaque patient, il prend le temps d’échanger sur l’historique de la pathologie. Et pour plus de réalisme, le professionnel explique qu’il s’installe « comme pour une échographie en direct, avec une table d’examen plus basse que mon bureau et un écran sur le côté gauche. Ces petits détails sont très importants ». Résultat, en quelques mois, les examens se font aisément : « Durant les premières semaines, nous comptions 40 minutes pour un examen, désormais, nous sommes plus autour des 30 minutes et nous atteindrons rapidement les 20 minutes, temps moyen pour un examen classique », note Erwan Pinvidic.

 

 

UNE OFFRE MÊLANT OUTIL NUMÉRIQUE ET SERVICE MÉDICAL

 

Et pour que l’offre soit complète, il fallait assurer la partie numérique mais également la partie médicale de l’acte réalisé. C’est la raison pour laquelle AdEchoTech s’est associé à NEHS DIGITAL, pour toute la partie workflow. « Nous proposons une plateforme pour centraliser et suivre toutes les demandes de télééchographies, indique Raphaël Ruiz, directeur de la Business Unit téléradiologie chez NEHS DIGITAL.

 

A distance, le téléradiologue peut ainsi accéder à l’ensemble des éléments nécessaires pour l’interprétation des échographies réalisées (indications cliniques, conditions réelles de l’examen, historique du patient, …). Il peut ainsi rédiger son compte-rendu et renvoyer son interprétation directement depuis la plateforme NEHS DIGITAL ».

 

Nous sommes convaincus que la télééchographie est une réponse pertinente et complémentaire à l’offre de soins de l’établissement, dans l’intérêt du patient. C’est grâce à notre partenariat avec TMF (Télémédecins de France) et son groupe de 150 radiologues que ce projet est déjà une belle réussite collective », conclut Raphaël Ruiz.

 

 

UNE CHANCE SUPPLÉMENTAIRE POUR LE PATIENT

 

Avec cette solution, l’échographie à distance a de beaux jours devant elle. « Généralement, c’est l’acte le plus utilisé dans le monde, assure Nicolas Lefebvre. En France, on y recourt 30 millions de fois par an, soit le double que pour les scanners. C’est un acte qui présente de nombreux avantages car il est non irradiant, non invasif et en temps réel ». Et en termes de coûts, l’économie est non négligeable. « Une échographie revient à 50 euros pour la sécurité Sociale, contre 150 euros pour un scanner ou une IRM », souligne Erwan Pinividic.

 

Avec des prérequis très légers (connexion internet bas débit et salle dédiée), AdEchoTech s’adapte à tout type d’appareil d’échographie. Les médecins semblent s’y retrouver très rapidement et, pour les patients, c’est également une opportunité. « Ils apprécient particulièrement d’avoir ainsi accès à une expertise nationale désormais, détaille Erwan Pinividic. C’est la possibilité d’obtenir un avis auprès d’un radiologue particulièrement qualifié et qui, bien souvent, dispose de plus de temps qu’avant ». Et en cas de doute, un second avis est obtenu très rapidement. Dans des zones sous tension, c’est « clairement une chance supplémentaire pour la patiente dans son parcours de soins ».

 

Marion BOIS

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