Longtemps injustement considérés comme le « dernier maillon » de la filière santé, les EHPAD accueillent aujourd’hui la digitalisation avec beaucoup d’espoirs, d’envies et d’appréhensions à la fois. À juste titre, puisque la digitalisation se situe à la croisée de nombreux enjeux critiques en EHPAD. Elle peut être source de progrès significatifs si la conduite du changement se fait bien mais contient, en elle-même, de nouveaux défis majeurs notamment en termes d’organisation et de fonctionnement quotidien.
L’amélioration de la qualité et de la traçabilité des soins
Le premier enjeu concerne l’amélioration de la qualité et de la traçabilité des soins apportés à une population de plus en plus âgée, multi-pathologique, dépendante et nombreuse. En 2018, près d’un habitant sur 5 a plus de 60 ans. Les personnes âgées de 65 à 79 ans déclarent des pathologies multiples, pour l’essentiel chroniques : hypertension artérielle, syndrome abdominal, dénutrition, insuffisance cardiaque ou diabète notamment. Celles-ci nécessiteront de plus en plus une prise en charge coordonnée : maintien à domicile avec médecine de ville, MCO, SSR, HAD, EHPAD ou encore télémédecine. Avec à la clé une nécessaire réorganisation de notre système de santé vers une logique de parcours de soins intégrés et un objectif élargi de performance. Cet enjeu sera adressé avec la contribution de l’innovation technologique, dont la digitalisation, dans le cadre de la stratégie nationale de santé 2018-2022.
L’amélioration de la qualité de vie des résidents
Un autre enjeu majeur concerne l’amélioration de la qualité de vie des résidents. En moyenne, le nouveau résident d’EHPAD est âgé de 85 ans , et présente huit pathologies. Il est dans 57 % des cas en situation de forte dépendance. Il souffre fréquemment de démence (dans 55 % des cas), de troubles du comportement (48 %) ou d’un état dépressif (38 %). Cette réalité médicale requiert une prise en charge individualisée du résident, structurante en termes de gestion des ressources humaines.
Les enjeux humains et financiers au cœur de la digitalisation
Les enjeux humains et financiers doivent être intégrés très tôt dans le cadre d’une stratégie de transformation digitale. La situation médicale que nous venons de décrire crée une énorme pression sur le personnel de l’EHPAD. La digitalisation doit donc également être pensée et mise en œuvre dans un objectif d’amélioration des conditions de travail des aidants, afin de les décharger au maximum des contraintes administratives et de leur permettre de se concentrer sur les soins procurés aux résidents. Par ailleurs, plus de 40 % des EHPAD publics sont déficitaires et 11 % d’entre eux ont une capacité d’autofinancement (CAF) négative. L’UGAP s’est attaquée à ces contraintes et apporte une offre adaptée, ainsi que des solutions financières innovantes, répondant aux besoins des EHPAD.
Les EHPAD, longtemps établissements de long séjour, se voient ainsi confrontés à la nécessaire implémentation de solutions de plus en plus médicalisées, technologiques et connectées : détection automatique et prévention des chutes, gestion des fugues et de la libre déambulation, suivi connecté de l’hydratation, tablettes numériques pour séniors, lit de long séjour connecté, pour ne citer que quelques exemples.
L’UGAP s’est investie sur ces sujets de longue date, en partenariat avec les pouvoirs publics et l’ensemble des acteurs de la silver économie. Elle propose aux établissements médico-sociaux une offre, non seulement qualifiée et accessible économiquement, mais également conforme aux enjeux sécuritaires et réglementaires propres à ces environnements. Ces solutions sont pleinement opérationnelles et apportent des bénéfices tangibles et documentés. Leur adoption est par conséquent un réel facteur de progrès.
Comment s’assurer de répondre de manière performante et pérenne au besoin identifié ?
Tout directeur d’établissement de santé peut aujourd’hui témoigner de sollicitations régulières et fréquentes d’entreprises dites innovantes. Les questions alors posées sont nombreuses : pertinence de la solution, surface financière, pérennité de l’entreprise, capacité en matière de conduite du changement et véritable retour sur investissement en coût total de possession.
Passer de l’achat de produits standardisés sur étagère à l’achat de solutions complexes nécessite une approche différente. Si, longtemps, les achats ont été effectués en propre ou via des centrales de référencement, il apparaît désormais pertinent de se tourner davantage vers les centrales d’achat qui, au-delà de garantir une véritable dispensation des obligations de publicité et de mise en concurrence, s’engagent – notamment lorsqu’elles assurent l’exécution du marché – sur les solutions, leur implémentation et leur pérennité. En témoigne le succès croissant des offres proposées par l’UGAP :
https://www.ugap.fr/catalogue-marche-public/etablissement-medico-social_8_49326.html
Comment financer des réponses plus proches de la solution que du produit ?
Si un lit d’hébergement pouvait s’acquérir et s’amortir sur 10 ou 15 ans, un lit de long séjour connecté aura une vie beaucoup plus agitée. Sans obligatoirement changer régulièrement la structure, la question de l’évolution des capteurs, applicatifs, voire des technologies est posée. Les centres hospitaliers ont d’ailleurs ouvert cette voie par un recours croissant au financement locatif pour leurs équipements technologiques. Ainsi par exemple, 70 % des dossiers de financement locatifs réalisés par l’UGAP le sont avec les établissements de santé et ce pour 60 % des dossiers sur des équipements médicaux.
https://www.ugap.fr/catalogue-marche-public/financement-locatif_7_70359.html
Choisir d’amortir, aujourd’hui, des biens à valeur résiduelle faible ou nulle apparaît plus que discutable. L’arrivée rapide sur le marché de solutions disruptives répondant à des besoins identifiés, ou non encore identifiés, devrait amener les établissements de santé, y compris les EHPAD, à investir les questions de financement locatif voire le champ du paiement à l’usage (pay per use).
Comment assurer les enjeux sécuritaires et réglementaires associés à la digitalisation ?
Le choix et, bien plus encore, le déploiement au sein d’établissements médico-sociaux de solutions digitales et des systèmes d’information associés implique une prise en compte des enjeux associés à la sécurité informatique. Une démarche renforcée par l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données (RGPD). Ces données sont de plus amenées à être partagées bien au-delà de l’établissement dans le cadre du parcours de soins ou de vie. L’importance de ces enjeux et la rareté d’une expertise locale doit ainsi conduire les établissements médico-sociaux à initier, assez rapidement, des démarches d’audit sur ces sujets.
En conclusion
Le déploiement accéléré de solutions digitales et, bien plus encore demain, les enjeux renforcés de traçabilité, la blockchain, le big data et l’intelligence artificielle vont impacter l’ensemble des acteurs publics quels que soient leur taille, leur budget, leur organisation et leur niveau d’expertise. En effet, le citoyen (usager, patient, résident…) est le même et exigera le même niveau de service et ce en tout point du territoire. Ce citoyen va, tout au long de sa vie, exiger un niveau d’accompagnement pertinent et ce sans rupture digitale (cf. le sujet du DMP – dossier médical partagé).
Comme en témoigne les choix de l’UGAP pour des offres de solutions de traçabilité, de suivi et de sécurisation des biens et des personnes, l’heure est au développement et à la montée en puissance de sociétés intégratrices spécialisées sur des usages concrets, possédant une expertise métier forte et portant une responsabilité sur la chaîne de valeur de bout en bout (conseil, hardware, software, formation, déploiement et maintien en condition opérationnelle…). Les enjeux sont trop importants pour tenter d’intégrer soi-même des solutions hardware, software et autres prestations de service car seul un lien étroit, performant et pérenne entre ces différents éléments garantira l’efficience tant technique qu’économique du projet engagé.
Ainsi, si les établissements publics vont devoir se transformer, les entreprises également car proposer de véritables réponses à des usages exige de repenser en profondeur les offres, les partenariats, les démarches commerciales et marketing, la formation, le maintien en conditions opérationnelles, les modèles de rentabilité mais aussi la gestion des responsabilités et risques notamment au travers des dispositifs assurantiels.
Ainsi tout vieillit en même temps : les individus mais également les façons d’acheter et de vendre !
Article UGAP
Auteur : Sébastien TAUPIAC
Date : Juillet 2019