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Comment apporter transparence et équité dans les transports sanitaires ?

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Comment apporter transparence et équité dans les transports sanitaires ?

Gain de temps, équité, traçabilité… Les attentes des hospitaliers comme des ambulanciers dans le secteur des transports sanitaires sont de plus en plus nombreuses. L’aspect chronophage de la mission et l’article 80 (voir plus loin) ont renforcé les exigences. La plateforme SPS (Sirus Plateforme santé) s'est positionnée pour faciliter la tâche des divers acteurs, le tout, avec un modèle économique original.

Une tâche chronophage et source d’erreurs

Pas moins de 400 demandes par mois. Au centre hospitalier Vendôme-Montoire, le temps consacré à la commande de transports sanitaires pour les 800 lits de l’établissement est considérable. « Et les exigences à ce poste sont fortes, précise Élisabeth Robin, la directrice adjointe. Cette mission génère de l’impatience, des patients comme de services, avec une forte pression pour libérer des lits, notamment aux urgences ». Les urgences, c’est là qu’officie justement Arnaud Depil-Duval, praticien hospitalier à l’hôpital Lariboisière (Hôpitaux Universitaires Saint-Louis), à Paris. « Ce sont souvent les paramédicaux qui prennent en charge cette tâche, qui leur prend entre 20 et 30 minutes. Un temps qu’ils ne consacrent pas aux patients… et qui les conduit parfois à accepter la première ambulance qui leur répond, alors qu’une autre aurait pu être disponible plus vite… ».
Dans ce contexte, l’article 80 (de la LFSS pour 2017, entré en vigueur le 1er octobre 2018) perturbe les méthodes de travail. Quels documents produire ? Qui prend le transport en charge ? Qui paie ?... Pour les hospitaliers, la gestion se complexifie avec un traitement différent selon les types de transports. Côté ambulanciers, « cela n’a pas changé notre travail, constate Frédéric Chéry, président de la SG2A, la Société de Gestion et d’Administration des Ambulanciers, dans l’Oise. Mais cela a fortement augmenté nos contraintes car cela modifie le cahier des charges pour une grande partie de nos transports ». Dans ce contexte, un troisième type d’acteurs s’est développé, sous l’impulsion de la HAS (Haute Autorité de Santé) : les éditeurs de solutions de gestion de transports. Le dirigeant de l’une d’elles, Sirus Plateforme santé (SPS) le reconnaît : « l’article 80 a été un accélérateur du jeu, note Jean-Marc Issart. Les établissements ont besoin de plus de productivité, de transparence et de traçabilité ». Et c’est tout le challenge de la plateforme SPS.

Une solution interfacée au DPI

Pour faire une commande rapide et exhaustive, la solution de gestion se doit d’être reliée au DPI. C’est le cas à l’hôpital de Compiègne-Noyon où « SPS est interfacée avec DXCare, explique Bruno Percot, attaché d’administration et responsable des achats et des marchés publics, dans le domaine des transports sanitaires notamment. Cela nous permet de récupérer les informations sans avoir à les retranscrire manuellement ». Elles sont ensuite automatiquement envoyées à une première société d’ambulances, en fonction du tour de rôle. Finis donc les risques d’erreur ou de mauvaise interprétation entre les différents intervenants. Finie également la "paperasse" : « Mon rêve c’est de ne plus avoir à remplir les Cerfa hospitaliers », projette Arnaud Depil-Duval. Et pour les ambulanciers, la solution présente quatre avantages : « l’équité entre les sociétés d’ambulance, le gain de temps, la précision des informations et le respect des données personnelles », détaille Frédéric Chéry.

Qui faire payer ?

Reste la question du modèle économique. En la matière, la majorité des solutions font porter le coût aux établissements de santé. Une logique qu’Arnaud Depil-Duval conteste. « Au final, c’est l’ambulancier qui va être rémunéré pour la course effectuée, c’est donc à lui de participer au développement de la plateforme. De plus, bien souvent, cet outil lui permet d’optimiser ses courses et de ne pas repartir à vide, ce qui peut être régulièrement le cas sans solution adéquate ». Et les ambulanciers semblent en effet y trouver leur compte. Pour le dirigeant de la plateforme, c’est de toute manière l’aboutissement d’un "parti pris". « Nous ne voulons absolument pas peser sur le secteur public. Cette exigence nous conduit à devoir assurer un gros volume de courses pour être rentables. Et outre la gestion au quotidien, l’outil s’impose aussi comme instrument de pilotage. « Nous éditons via la plateforme des statistiques sur les types de transports, sur les destinations et les kilomètres parcourus, indique Élisabeth Robin. En termes de gestion des risques, cette traçabilité nous permet d’éviter de nombreux événements indésirables ». Une option gagnante à tous les niveaux donc.

Marion BOIS