e-Infectiologie : favoriser la réflexion collective sur les grands défis à venir

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Fléau, pandémie, enjeu majeur de santé publique, la thématique des bactéries multirésistantes, qui peuvent mettre en faillite les thérapies, est au centre des préoccupations en infectiologie. Sur ce sujet comme sur bien d’autres, le congrès RICAI (Réunion Interdisciplinaire de Chimiothérapie Anti-Infectieuse) se propose de faire avancer le débat… La prochaine édition aura lieu les 12 et 13 décembre.

Les antibiotiques au cœur des débats

 

Nouvelle molécule antibiotique découverte par un outil de deep learning au MIT du Massachusetts (Halicin, pour le traitement du diabète et de la tuberculose), plan d’action mondial de lutte contre l’antibiorésistance de l’OMS… Un temps décriés, les antibiotiques reviennent sur le devant de la scène. Malgré les réticences liées à l’AMR (Antimicrobial Résistance), en 20 ans, 17 nouvelles molécules ont été enregistrées et mises sur le marché (Article Vidal du 13/07/21 « Les nouveaux antibiotiques ciblant les bactéries multirésistantes »). « C’est une tendance que l’on n’aurait pas imaginée il y a encore 10 ans », se souvient Eric Senneville, infectiologue à l’hôpital de Tourcoing et au CHU de Lille et président de l’ACAI (Association de Chimiothérapie Anti-Infectieuse). Il s’agit donc de trouver l’équilibre le plus juste entre le bon traitement (pour bénéficier de l’efficacité des antibiotiques) et le risque d’AMR. Et pour cela des outils se développent. « On est en pleine phase d’accélération, note Jean-Louis Herrmann bactériologiste au CHU de Paris-Saclay et trésorier de l’ACAI. Les solutions qui permettent d’évaluer rapidement l’impact d’une antibiothérapie se multiplient. » Avec une approche syndromique (recherche simultanée de différents pathogènes pouvant être impliqués dans une infection), les cliniciens sont ainsi plus aptes à décider rapidement du traitement adapté à instaurer et à déceler une antibiorésistance et donc de décider de l’opportunité de tel ou tel traitement. « C’est un bond énorme, insiste Eric Senneville. Le sujet est dans tous les esprits depuis longtemps mais les récents progrès techniques permettent enfin d’avancer notablement sur la question. » Des données plus structurées, des projets de recherche ciblés, des éditeurs actifs… Tous les éléments sont réunis pour favoriser de meilleures pratiques avec les antibiotiques.

 

Et c’est ce qu’a bien compris l’ACAI. Dans son prochain congrès, le RICAI, l’association fait la part belle à cette problématique. Antibiogrammes, résistance bactériologique, bon usage des antibiotiques, les visiteurs auront tout un panel d’interventions riches sur le sujet.

 

Les enjeux du moment à l’honneur

Et pour repérer les défis à venir de la profession, l’ACAI a su faire remonter les suggestions des professionnels. Chaque membre du comité de programme de l’association a ainsi pu proposer deux sessions pour le RICAI. Les visiteurs ont eux aussi été sollicités. Le comité, entité scientifique de la structure, a ensuite validé les sujets un à un. « Notre priorité, c’est la formation médicale continue, résume Laurent Andréoletti, virologue au CHU de Reims et secrétaire général de l’ACAI. L’objectif est que nos visiteurs soient au fait des nouvelles tendances et problématiques, dans des domaines très larges. Virologie, bactériologie, mycologie, parasitologie, thérapeutique, clinique, … Le tout vu essentiellement par un prisme microbiologique. » Un prisme qui s’équilibre avec les JNI (Journées Nationales de l’Infection), apportant quant à elles, « un regard plus clinique», précise Eric Senneville.

Le séquençage à l’honneur

C’est ainsi notamment que la thématique du séquençage s’est imposée. Après la crise du SARS-CoV-2, le diagnostic syndromique est devenu incontournable. « Lorsqu’un patient présentait une détresse respiratoire, il nous fallait savoir rapidement si la cause était le COVID ou une bactérie, rappelle Laurent Andreoletti. Cela a beaucoup accéléré le développement des outils. » Séquençage haut débit, typage des sources, métagénomique, les hôpitaux ont franchi un pas dans ces différents domaines. « Les hôpitaux se sont équipés. Détection multiplex, nouvelle génération de séquenceurs… Les établissements de santé sont désormais à la page. « Et en parallèle, les grands groupes de laboratoires d’analyses privés s’équipent eux aussi massivement, note Jean-Louis Hermann. De quoi soulever quelques questions sur la répartition des tâches entre les secteurs public et privé. Un sujet qui sera également abordé lors du congrès RICAI. Plus de 2000 visiteurs sont attendus.

Marion BOIS

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